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Le Télescope
2 janvier 2014

Quel est le fou du vrai?

De ce papier mon écriture les sept péchés, des couleurs les liens des dix commandements.

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Quel est le fou du vrai ?

 

Il y a à Clichy, à un toit des autres, à deux trois pas de lui, un homme dont le reflet fait écho sur une fenêtre brisée.

« Coupez-l'eau ! Coupez-l'eau ! »

L'orage laisse tomber diluviennes pluies dans cette cours arrosée plus tôt par la femme du gardien, plutôt par sa femme que par le gardien.

À travers son monde amputé, un homme s'hurle, s'heurte, cogne ses sphères, reprend inlassablement le chant des possibles.

« Coupez-l'eau ! Coupez-l'eau ! Pars, le gardien, Aslani, pars ! Coupez-l'eau ! Feu ma mère, je vais me suicider ! Coupez-l'eau ! »

Demain Christian pourra sans doute se prévaloir du non art qu'il aurait eu dans la manière de vouloir se faire entendre, écouter, comprendre ou accepter.

Après avoir monté une trentaine de marches et ce en trois coups brigadier théâtraux :

Pamm ! Pamm ! Pamm ! Il m'ouvre sa porte.

Guidant mes pas une odeur de souffre m'averti du drame ambiant dans lequel je vais devoir me frayer un chemin, attraper un linge puis, m'assoir sur une méridienne de patine marron.

Son syndrome de Diogène (accumulateur compulsif) a pris place et lieu du parquet que l'on ne distingue pratiquement plus.

Chagall et « César » aux murs se fixent entre eux, des boites déboitées s'emboitent aux cotés d'une poupée blonde rusant un ours désarticulé. Sur une des étagères vitrées Pierrot le clown pose dos aux appareils photos d'époque, fait face à quelques crucifix vierge du Christ. Les magasines jonchent sur les encyclopédies cinématographiques, les ordonnances faites par le Dr.M... lui rappellent de se faire scanner le bide. Une imprimante est branchée sur la stéréo, accrochée à une antenne Tv, reliée à l'aspirateur puis enfin, au fil d'une lampe qui elle est allumée grâce à la prise correctement branchée au mur. L'horloge ne « conte » plus que les livres posés au sol : Sartre, Tolstoy, Flaubert « dictionnent » Haneke et l'amour des pages fait battre l'unique volet de cette pièce. Le vent s'engouffre, s'essaie à sécher la table basse suintant le café du vieux de la veille, son père. Pour le reste tassées et non postées des photos de défunts gens qui dans sa vie n'ont jamais existé que dans des enveloppes faite de papier glacé reflètent l'âme d'un passé le dépassant. Le tourne-disque jure un gorille, Brassens tourne ce tout et enfin Christian fume son cancer futur.

Oui, au quatrième étage d'un immeuble de la rue Charles et René Auffray se meurt plus qu'on l'entend Monsieur Sourty Christian né au domicile de ses parents à Champigny sur Marne le 16 Février 1953.

2005 en son « saint » à fait « Feu ma mère ! » et a laissé Christian seul au vu et au su d'un abysse de douleurs.

Savez-vous ? De ses journées ? Il n'est pas tout à fait seul dans son enfer, les voix qu'ils entend, les monstres qu'il prétend lui indiquent régulièrement quelques tenues de conduite à suivre afin de signaler sa présence aux autres habitants.

Appliquants au quotidien méticuleusement les dix commandements, il a su mettre en œuvre un tourbillon infernal lui permettant de recommencer le lendemain. Velléitaire, vous dites ? Trop peu n'en « faux ».

Un éternel alcoolisme servit sur fond de mousseux aussi piquant que son futur migraineux offre aux voisins une logorrhée d'insultes aussi innovantes qu'embarrassantes mais surtout lui permet d'atteindre la première table des dix qui est:

Tu n'auras pas d'autre dieu que moi. Tu ne te feras pas d'idole (s). Tu n'utiliseras pas le nom de l'éternel ton dieu en vain. Pense à observer le jour du repos.

Hurler, ça fatigue le corps et « logiquement » la voix, de ce fait il ira jusqu'à sa chambre s'auto-médicamenter un molotov de pastilles pour la gorge, d'anxiolytiques, pourquoi pas même du paracétamol codéine almus puisqu'ils sont posés sur la table de nuit de toute façon.

Son agoraphobie servis, Christian replié foetalement branchera sa radio sur France Inter une heure ou deux, pour trois histoires « personnelles » de plus qu'apprendra son cortex gauche par coeur afin de pouvoir offrir quatre heures plus tard aux chalands de la « sasiété du spectacle » (puisqu'il faut bien les côtoyer) les histoires qu'il aura entendu et si savamment transformé en récits personnel en vécu romancé.

Pas bête la guêpe !

Honore ton père et ta : Merde ! Tu ne commettras pas de meurtres.

Diagnostiqué par ses médecins (qui, quand, où ? ) comme handicapé mental à hauteur de 80% Christian vit de l'AAH (Allocation Adulte Handicapé) d'un montant à virgule de 1146,49 euros net mensuel moins 68euros fois 6 cartouches de cigarettes (408euros) + 5euros fois 30 bouteilles d'alcool donc soit moins 150 euros moins 100euros de nourritures diverses et « à varier » reste donc 488 Euros qui est l'exact montant de son loyer sans baie.

Dans cette copropriété, les résidents ne recensent plus le nombre de signalement fait auprès de son père ainsi que d'institutions telles que la mairie ou autres valeurs administratives qui pourraient enfin reloger cet homme et lui fournir qui sait ne serait-ce que la décence de murs salubres, de chauffage et d'électricité aux normes.

Oui, les habitants de cet immeuble craignent qu'au delà de la santé physique et psychique de Christian l'actualité du lieu tombe sur fond de drame humains au 13H'orreurs du lendemain (choisissez la chaine).

Tu ne commettras pas d'adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignages contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas...

Cher vous, savez-vous ? Savoir considérer ce que l'on a lu comme acquis n'est pas dû à tout le monde. De son eidétique mémoire il a su faire le génie de ses histoires, vêtir une cape ou pas cap ! Il connait chacun des résumés de ses livres et cite l'histoire des Dieux comme si il y'était avec certes beaucoup de quoik étant donné qu'il n'a lu que les résumés.

Mythes ou manies ? Comme tous les supers héros finissent par « man » il honore le mot maman comme une règle, un art. Le cancer tourne en boucle depuis son décès, depuis cette chaise ou le conte du soir se rêvait, depuis que Christian n'a plus gouter au doux temps de son enfance, depuis tout ça voyez-vous ? Il a décidé de le vivre ce conte, de continuer l'éphémère enfance, quoi qu'on en dise. Quoi ? Oui il hurle.

Il hurle, comme on dit un jeu malheureux, perdu, comme on dit : J'ai tout perdu. « Coupez-l'eau, Feu ma mère, feu. Asslani, le gardien, pars, coupez-l'eau, je vais m'envoler, je vais me suicider ! »

Oh les filles... ou les filles ? Sont-elles donc passées dans son existence.

Avec une certaine inspiration l'héros du « ment » nie l'érotomanie qu'il vit de chez lui jusqu'à peindre le grand bleu des yeux de Jeanne.M, jusqu'à croire qu'il a eu des enfants, une femme, un métier, une maison, des amoureuses « cons-nues » mais, connues (Jeanne Moreau à jeun plus jeune) des amies reconnus dans des gares inconnues (Brigitte Fontaine voici ce qui m'attend demain si jamais je perd mon chemin (titre et album: Prohibition)).

Alors, étant donné qu'elles existent, Christian leur dessine et écrit du vert au crayon noir c'est en vers qu'il signe, parfois, souvent, magnifiquement et ce en tout « tant »...

Et les autres dans tout ça ? « Vous savez c'est un ancien médecin qui a subit un drame atroce dans lequel il a perdu femme et enfants » s'exclame/clame/l'âme/à me euuuu, faire tourner la tête d'Anne, sa voisine.

« Son appartement a perdu de la valeur, sa propriétaire vendra, un jour;) » en une marre, en douze mots et sans mie et « cent nuits» marmonna un voisin mâle, saint, jurant d'attendre la « faim » de la trêve hivernale.

Le 16 Février 2013 Christian voulait se suicider, se jeter, « volet » par la fenêtre, faire de ses 60 ans les secondes d'une minute de temps, finir au sol, finir l'haut vol.

Nous sommes le 2 Janvier 2014.

 

Madame,

suite à notre conversation téléphonique, je vous fais parvenir la demande de relogement de Mr Christian C.

En effet, depuis maintenant dix ans rue Charles et René Auffray à Clichy se meurt plus que n'hurle un homme sans baie, sans famille, vivant dans un logement insalubre et ce sans eau chaude, électricité aux normes, ..............................

....

Par cette lettre j'informe...

À quelle mesure pouvez-vous venir en aide à M.C ? (Tout le monde ici saitt comment on fait des bébés mais personne sait comment on fait des papas Stromae : Papaoutai )

Dans l'attente, je vous prie Madame, de bien vouloir recevoir l'expression de mes sincères salutations.

 

Apponore pour le Télescope. 

Autoportrait réalisé par Christian .S.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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